jeudi 26 mars 2015

Le cabinet des petits riens



J'aime croquer ces petites choses de la vie quotidienne, ces petits riens qui nous entourent et auxquels finalement nous ne prêtons aucune attention. Tel est le sort de l'objet utile : il ne saurait sortir de son périmètre fonctionnel, il n'existe que pour son usage.




Au travers du croquis, chaque objet sort de son rôle pour entrer dans un carnet qui devient un conservateur de la mémoire. Chaque croquis est un témoignage de ce qui est et dont à terme on ne parlera plus qu'au passé comme de ce qui fut, pour peu naturellement qu'on ne l'oublie pas sans plus jamais en parler.

Certes il serait aussi simple voire plus d'en faire une photo mais comparez le croquis de la bouteille de Berlingots avec une photo du même objet : le rendu serait radicalement différent et sauf à faire un album complet et presque exhaustif (tâche ô combien ardue) de ces objets du quotidien personne ne s'y arrêterait.
Le croquis au contraire donne envie de se poser, le temps de le regarder et au travers lui c'est autant de temps consacré finalement à cet objet de rien.

Et voilà, quelques croquis de choses qui sont passées sous mes yeux ou entre mes mains aujourd'hui. Cette pomme déjà flétrie ne sera plus dans quelques jours.


Ces bonbons semblent eux-mêmes venus d'un autre âge pour ne pas dire un autre siècle. Ce carnet mis en abîme sur lui-même sera terminé dans quelques jours, remplacé par un autre avant de rejoindre son prédécesseur dans une bibliothèque.


Mais justement ces pages refermées sur elles-mêmes seront le coffre-fort permettant aux souvenirs qu'il contient de passer le temps et de ressortir intacts dans quelques années entre les mains de qui voudra poser les yeux dessus.

Et c'est là le miracle : toutes ces choses qui n'existeront plus pourront revivre subitement. Louis XIV avait son cabinet de curiosités pour réunir choses rares ou choses belles savamment assemblées pour lui ; j'ai ce cabinet des petits riens que j'aime à parcourir et que j'espère un jour quelqu'un aimera à son tour parcourir.

A Paris un soir de mars 2015.

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